Euro 2020: la Turquie en reconquête
Déjà qualifée pour l'Euro 2020 avant de jouer son dernier match, la Turquie avance avec espoir vers la compétition.
- Publié le 15-11-2019 à 18h12
- Mis à jour le 22-11-2019 à 14h08
Déjà qualifée pour l'Euro 2020 avant de jouer son dernier match, la Turquie avance avec espoir vers la compétition.
La Turquie, terre de foot. Oui, le pays ne vit que pour ce sport. Mais ces dernières années, il faut avouer que la sélection turque avait plus tendance à décevoir ses supporters qu'à véritablement les enflammer. Absente du Mondial depuis sa folle troisième place de 2002, la Turquie n'a réussi qu'à se qualifier de manière un peu miraculeuse pour l'Euro 2016, après avoir loupé l'édition 2012. Et cela n'a pas raté: en France, l'équipe alors coachée par ce bon vieux Fatih Terim n'a pu éviter l'élimination en phase de groupes.
Sauf qu'entre ce flop et la qualif' acquise suite au match nul entre la Turquie et l'Islande (0-0), quelque chose a changé sur le Bosphore. Ou plutôt des joueurs. Exit Arda Turan, Mehmet Topal ou encore Nuri Sahin pour ne citer qu'eux, le noyau s'est rajeuni et affiche de bien belles dispositions. À tel point qu'aujourd'hui, la Turquie peut s'enorgueillir de posséder l'un des effectifs les plus jeunes d'Europe.
À commencer par sa défense où trois joueurs de talent se disputent l'axe central: Merih Demiral, qui fait banquette à la Juventus et profite de chaque trêve internationale pour se refaire une santé, Kaan Ayhan (Fortuna Düsseldorf) et Caglar Söyüncü, actuellement en pleine bourre avec Leicester. Âgés de respectivement 21, 25 et 23 ans, les trois axiaux représentent l'avenir d'une défense qui n'a pris que trois buts en neuf matches. À droite, Zeki Celik (Lille, 22 ans) est devenu incontournable. Et au poste de latéral gauche, Umut Meras (23 ans, Le Havre) a bien pallié l'absence sur blessure d'Hasan Ali Kaldirim (Fenerbahçe).
Devant, on retrouve encore des éléments jeunes, mais doués, et dotés d'une certaine expérience internationale. Sur l'aile gauche, Hakan Calhanoglu (25 ans, Milan AC) fait parler sa superbe patte, tandis que sur l'autre flanc, Cengiz Ünder (22 ans, Roma) use de sa force de percussion pour dynamiter un peu le couloir droit. Et pour épauler tout cela, c'est le vétéran de Fenerbahçe Emre Belözoglu, 39 ans et déjà présent lors de l'épopée de 2002, qui fait office de grand frère. On retrouve également le vieux serviteur Burak Yilmaz (34 ans, Besiktas), capitaine et toujours là pour peser sur les défense à la pointe du 4-3-3 turc. Ou encore Cenk Tosun (28 ans, Everton) pour apporter un peu de planche à cette équipe encore verte sur les flancs.
C'est aussi entre les perches que les choses se sont stabilisées. Longtemps la Turquie s'est cherché un successeur à Volkan Demirel. Volkan Babacan (İstanbul Başakşehir), Serkan Kirintili (Konyaspor), Mert Günok (İstanbul Başakşehir), Sinan Bolat (Antwerp), aucun d'entre eux n'a vraiment réussi à s'imposer comme étant particulièrement fiable. Mais c'est bien Günok qui a été préféré par Şenol Güneş lors de sa prise de pouvoir sur le banc national en février 2019.
Une stabilité qui fait du bien à une équipe plus habituée aux coups de sang de ses cadres qu'à évoluer dans une certaine sérénité. Un calme tout de même mis à mal lorsque les joueurs se sont mis à effectuer un salut militaire à chaque but inscrit, en soutien au très autoriaire président Recep Tayyip Erdogan, alors que celui-ci lançait une offensive dans le nord de la Syrie. À l'époque, l’UEFA y avait vu une potentielle provocation politique et avait annoncé a annoncé l’ouverture d’une enquête disciplinaire.
Sans rentrer dans les détails politiques, la Turquie a su se replacer sur l'échiquier sportif, avec un ticket pour l'Euro 2020 a été acquis avant même la fin de la campagne. Le tout grâce notamment à un succès de prestige face à la France et un nul acquis à Saint-Denis face aux champions du monde. Et même une unique défaite lors d'un déplacement piégeux en Islande ne suffit pas à dissoudre ce sentiment que la Turquie est peut-être bien de retour.